La Guerre des Trois Factions

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  • Lore

  • 17 octobre 2024

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Déjà ravagé par la Guerre de Rupture, le troisième siècle s’achève sur le crépuscule sanglant d’un nouveau conflit, la Guerre des Trois Factions. Depuis de nombreuses années, trois des cinq Factions existantes se livraient une lutte d’influence terrible dans les couloirs de l’Astérion. Ce qui commença comme de simples manœuvres politiques se mua en lutte ouverte entre les différents concurrents.

Un Phonomancien Yzmir du nom de Peredur Zan devint le conseiller personnel du Basileus Manssur. Le Mage avait une réputation sulfureuse, et de nombreuses voix s’élevèrent contre cette nomination. Au fil des années, l’Initié prit un ascendant manifeste, spoliant ouvertement les autres Factions, et beaucoup furent ceux qui voyaient en Manssur un tyran, un nouveau Ayxas. Un Templier Ordis du nom d’Affan Cathal décida de prendre les choses en main. Avec l’aide d’une poignée de sympathisants, il assassina Zan dans les couloirs du palais, avant de prendre la fuite loin de la capitale. Face à cet affront, les Yzmir exigèrent du Basileus l’incarcération des officiels Ordis en poste à l’Astérion jugés complices, en les sommant de leur livrer Cathal. Manssur déploya sa garde personnelle, faisant des diplomates et politiciens Ordis des otages.

Mais cela ne fit que souffler sur les braises de la dissension. Le Monolithe Ordis, pour la première fois depuis sa création, quitta Arkaster pour venir stationner au-dessus de Caecaster. Là, l’Ordis enrôla de nombreuses troupes au sein des forces régionales, avec l’ambition de marcher sur Arkaster. Cathal, après des mois à se terrer, vint se présenter devant le Tétrarchie Ordis pour plaider sa cause. Il avait des preuves que Zan usait de sa magie et de sa voix pour envoûter le Basileus.

De son côté, Manssur, face à cette trahison, somma les fyrds Bravos de s’assembler. Il fit d’eux l’armée officielle du Protectorat, pour compenser la désertion de l’Aegis. Même si les Bravos étaient loin d’être ravis, ils acceptèrent cependant cette charge. Après des mois d'échauffourées, une force Bravos massive fut dépêchée pour se confronter aux forces dissidentes et capturer le Templier fugitif. L’Ordis leur opposa ses propres forces armées, et une bataille éclata, bien plus massive que toutes celles qui eurent lieu avant.

Les soldats Ordis, malgré leur excellence martiale, perdirent mètre après mètre face aux forces combinées des Bravos et des Yzmir. Cathal, en voyant ses frères et sœurs d’armes en mauvaise posture, décida de se livrer pour qu’un armistice puisse être signé. Mais durant l’entrevue, la fille de Peredur, Perjin Zan, dans un excès de rage, exécuta Cathal sans sommation, de même que la générale Bravos Kelia Mordad qui tenta de s’interposer. Les Bravos se retournèrent contre elle, la criblant de flèches. Mais le mal avait déjà été fait.

Les nouvelles de cette tragédie voyagèrent rapidement jusqu'à la capitale, et les Bravos encerclèrent le Kadigir et l’Astérion. Manssur devint l’otage des Bravos, et ce dernier fut forcé de décréter que les Yzmir et l’Ordis étaient devenus des ennemis de la nation. Les Mages se barricadèrent au sein de leur Bastion, érigeant des défenses magiques quasi-impénétrables, tandis que les fyrds investissaient la capitale pour en prendre le contrôle.

Les Initiés Yzmir ne restèrent cependant pas oisifs. Des loges de quelques Mages effectuèrent des frappes chirurgicales à travers Arkaster, éliminant discrètement des dirigeants Bravos. Depuis Caecaster, l’Ordis mit sur pied un ost gigantesque pour assiéger la capitale et prendre le contrôle de la totalité d’Asgartha. Leurs revendications étaient claires : les Bravos devaient libérer les prisonniers et quitter l'Astérion, et les Yzmir devaient signer leur reddition. Les trois Factions pensaient leur position légitime, leurs griefs justifiés.

Et toutes se préparèrent à l’assaut final. Depuis les hauteurs du Kadigir pour les Yzmir ; depuis les murailles de l’Astérion pour les Bravos, et l’Ordis depuis l’île de Nisan, que les régiments ordonnés avaient investie en débarquant sur sa côte septentrionale. Les trois Factions étaient réunies pour ce qui allait être une bataille pour l’avenir d’Asgartha, prêtes à éradiquer les deux autres pour ce qu’elles pensaient être le bien de l’humanité.

Mais alors que les troupes se mettaient en branle, elles furent stupéfaites de voir une quatrième force converger vers Arkaster. Les neuf Cités-Etat Lyra avançaient à travers les brumes de la Muir Concordia, profitant que la lagune fut asséchée pour la traverser depuis la presqu’île d’Anthea. Cet événement, qui plus tard fut appelé la Marche des Sahankas, fut un spectacle impressionnant. Ce fut la seule et unique fois que tous les Clans Lyra firent front commun, tous ensemble.

Ils étaient guidés par Chiara Caceres, une jeune skald. Mais cette dernière avait été investie de l’autorité des neuf Matriarches, les dirigeantes des caravanes Lyra. Elle était leur voix, et toutes parlaient à travers elle. Sous sa houlette, tous les Lyra entonnèrent le Chant de l’Un. Grâce à cette mélopée commune, les Lyra subjuguèrent les belligérants, envoûtèrent toute l’assistance. Grâce à cette sérénade, l’hostilité, la rancœur, la rage… toutes les émotions négatives furent balayées des esprits, chassées du champ de bataille.

Tous les soldats baissèrent alors leurs armes, confus et hagards. Quand le Chant égrena ses dernières notes, Chiara alla trouver les dirigeants des trois Factions. Elle s’entretint avec eux de nombreuses heures pour leur faire entendre raison. Elle leur révéla que dans les Marais de Kiragata, une créature était en train d’émerger, faite de rancune et d’amertume ; un monstre qui, s'il lui était donné la possibilité d’éclore, allait semer ruine et désolation sur toute la péninsule.

En effet, les Muna avaient été alertés de l’émergence d’une abomination, d’une singularité au sein du réseau de Mana qu’ils appelaient le Skein. Ceux qui étaient venus voir ce qui se passait avaient découvert un cocon immonde et immense. Et ce qui couvait dedans était un Léviathan de pure malice et de haine. Les Muna, aidés de Kaibara, avaient tenté de juguler sa croissance, sans pour autant réussir à le faire disparaître.

La guerre et ses atrocités, la mort, la terreur, la vengeance, la cruauté… tout ce fiel, tout ce venin, était un suc dont le monstre se nourrissait pour grandir. C’est pourquoi les Muna demandèrent à Chiara de l’aide, d’aller en leur nom chercher du soutien pour lutter contre ce mal qui, s'il ne se résorbait pas, finirait par les engloutir tous. La skald alla parlementer avec tous les Clans, plaidant cette cause auprès des Matriarches une à une. Et contre toute attente, elle parvint à fédérer les Clans, à les unir, eux qui d’habitude évoluaient en parallèle les uns des autres.

Si les trois Factions continuaient à se déchirer, alors le Léviathan Noir prendrait son envol. Chiara les supplia de mettre un terme au conflit, de baisser les armes et de panser les plaies ; de recréer des ponts au lieu de les brûler. Elle les implora de s’allier à nouveau, pour combattre l’abomination au lieu de la nourrir. Devant sa verve et son insistance, les leaders de Faction acceptèrent de signer une trêve, le temps de vérifier ses dires.

Des champions des quatre Factions voyagèrent vers le lieu de gestation du Léviathan Noir, s’enfonçant dans des marais devenus putrides à cause de son influence. Ils découvrirent le Léviathan, encore à l’état de nymphe, qui venait juste de sortir de sa chrysalide. Joignant leurs forces aux Muna survivants, les champions affrontèrent la créature, et in extremis, parvinrent à la terrasser, sauvant par la même occasion Asgartha. Malheureusement, malgré cette victoire, toute cette noirceur cumulée avait teinté le lieu d’une aura maléfique. Si la paix fut retrouvée, la zone resta maudite.

Les Muna présents jurèrent de veiller sur ce lieu, pour l’empêcher de s’étendre, et le purger du maléfice. Aujourd’hui encore, le Fagn, comme il fut appelé, demeure un îlot de noirceur, qui à la moindre occasion cherche à dévorer tout ce qui l’entoure…