Un Lourd Fardeau
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5 juin 2024
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La sentinelle de l'Aegis ouvrit la porte et fit un pas de côté pour la laisser passer, la saluant d'un hochement de tête au passage. Derrière elle, les appartements du Basileus étaient plongés dans la pénombre, leur atmosphère chargée d'encens et de la fragrance capiteuse des onguents. En s'habituant à l'obscurité, les yeux de Temera discernèrent les tentures qui couvraient presque tous les murs de la pièce. Chacune d'entre elles dépeignait un tournant majeur de l'histoire d'Asgartha : ici, l'apothéose de la Guerre des Trois Factions, quand Chiara Caceres et les Clans Lyra mirent un terme au conflit ; là, l'intervention inopinée et salvatrice de Wanjiru lors de la Guerre de la Rupture... Ces tapisseries élimées témoignaient des âges sombres d'Asgartha, des épreuves qui avaient émaillé l'histoire de la Première Cité et de ses Provinces. Elles étaient autant un souvenir qu'un rappel de l'importance du Covenant, du précipice qui menaçait de s'ouvrir s'ils n'étaient pas assez vigilants, s'ils ne veillaient pas assez sur ce pacte.
"Éminence, l'Amiral Singh est arrivée", proclama le garde d'un ton cérémonial et posé.
"Merci, Harshad. Tu peux disposer", répondit une voix assurée venant de l'autre côté de la salle.
L'enseigne fit claquer ses talons conformément à l'étiquette, se mettant au garde-à-vous avant de refermer précautionneusement la porte derrière lui. Le Basileus se tenait en face d'elle, dans l'encadrement de la fenêtre. Sa silhouette désormais légèrement voûtée se découpait sur l'azur du ciel, forme sombre contrastant avec la vibrance de l'extérieur. Temera pouvait entendre le cri strident des mouettes au-dehors, humer les embruns entêtants qui provenaient de la baie en contrebas.
"Votre Éminence", dit-elle en joignant ses mains derrière son dos.
"Voudriez-vous prendre la peine de me rejoindre sur le balcon, je vous prie ? J'aimerais vous montrer quelque-chose, si vous me le permettez", s'enquit le Souverain.
Temera s'avança, longeant une grande table où s'amoncelaient parchemins, cartes et livres reliés. Au centre, une cartographie détaillée de la péninsule, représentant avec précision l'intégralité du Monde Connu, avait été déployée et annotée exhaustivement. Si vaste et pourtant si isolée, entièrement encerclée par les mers — la Cierna au nord, la Biela au sud...
Sur une commode, elle aperçut des reliques de l'Ancien Monde, miraculeusement préservées de la Confluence : un casque à crête légèrement rouillé, dont le blason avait presque entièrement été effacé par le temps, une machine antique composé d'un socle d'où jaillissait ce qui ressemblait à une fleur de métal... Un instant, son visage se refléta dans un miroir craquelé, lui aussi préservé du souffle du Tumulte par un quelconque caprice de l'histoire. Si ses cheveux, coiffés en chignon conformément à la réglementation militaire, avaient autrefois été de jais, ils étaient désormais parcourus de stries blanchâtres. Son visage mat, que certains décrivaient comme austère, s'était veiné de quelques rides et de taches de vieillesse. Elle aussi deviendrait bientôt une relique, pensa-t-elle non sans un certain sarcasme.
"Approchez."
Temera ajusta son uniforme naval et émergea sur la terrasse, se frayant un passage entre les rideaux translucides qui voletaient de chaque côté de la fenêtre, portés par les brises matinales. Le Soleil n'avait pas encore réussi à dissiper entièrement la froideur de la nuit, même s'il trônait déjà haut dans le ciel. Des myriades d'oiseaux marins dérivaient au-dessus de la lagune, comme autant de cerfs-volants suspendus le long de la voûte céleste : des fous, des pétrels, des goélands, des albatros et autres cormorans...
Le Basileus Avkan ruun-Heshkari avait posé ses mains sur la rambarde, contemplant la cité en contrebas. Il scrutait les districts lacustres, portait le regard sur les blêmes falaises du quartier nouveau de Renkairi, comme s'il regardait la capitale pour la première — ou la dernière — fois. Temera se posta à ses côtés, laissant le monarque à ses rêveries, qu'elles soient mélancoliques ou nostalgiques.
Elle se mit elle aussi à contempler la Première Cité, le vibrant ballet des aérostats, l'avancée sinueuse et indolente des tramways qui sillonnaient la ville. Elle porta son regard sur le quartier du Ruzzante et son Opéra, les habitations modestes de la Fosa. Mais c'est surtout la structure monumentale du Monolithe qui accapara son attention, épinglé presque à la verticale au-dessus de leur tête. La forteresse volante occultait une grande partie du ciel, projetant son ombre sur la lagune. Le Bastion de l'Ordis tournait langoureusement sur lui-même, comme un phare projette son regard sur l'horizon ; chacune des facettes de la bipyramide réfléchissant la lumière du Soleil comme un prisme gigantesque.
"C'est un sentiment étrange, proche de la langueur, de voir les jours ainsi passer."
L'Amiral Singh se tourna vers le Basileus, légèrement perplexe. Lui aussi avait été marqué par le temps : sa barbe était désormais plus blanche que brune, et ses épaules plus frêles que jadis. Mais même après plus de trente années de règne, il n'avait rien perdu de sa prestance, et ses yeux teintés de khôl et gris comme l'acier semblaient toujours aussi perçants qu'autrefois.
"J'aurais au contraire pensé que vous en éprouveriez de la satisfaction, répondit-elle sans se laisser démonter.
— Chaque nouveau matin, la clepsydre qui augure la fin de mon règne se vide un peu plus. Ne vous méprenez pas, c'est quelque chose que j'attends avec impatience, et je ne souhaite nullement prolonger mon office plus que de raison. Mais je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine appréhension. Les Corps expéditionnaires sont l'œuvre de ma vie, et cette page est en train de se tourner inexorablement.
— Vous pouvez vous rassurer sur ce point. Votre initiative est probablement l'entreprise la plus audacieuse, la plus ambitieuse depuis la fondation d'Asgartha.
— Peut-être. Sur le papier, sa noblesse est indéniable. Mais dans les faits, cette quête se pare de bien d'autres implications. Envoyer de courageux citoyens au-devant de dangers que nous ne suspectons sûrement pas est l'une d'entre elles.
— C'est le lot des explorateurs et des pionniers.
— Vous parlez comme Abelen Sundström, s'amusa le Basileus.
— Avoir ne serait-ce qu'une fraction de sa bravoure suffirait à me contenter. Non, je faisais seulement référence aux motivations qui poussent les aventuriers à s'élancer ainsi vers l'inconnu. C'est une vie d'épreuves, en effet, et de sacrifices. Mais certains pourront y trouver la gloire, tandis que d'autres pourront y trouver la beauté ou une nouvelle aube. La Terra Incognita regorge de secrets, de merveilles, qu'aucun humain n'a jusque-là contemplés. C'est une vie qui mérite d'être vécue, malgré le péril et le martyre."
Avkan demeura silencieux quelques instants, perdu dans sa contemplation.
"Savez-vous ce qui a motivé ce dessein fantaisiste ?
— Fantaisiste, votre Éminence ?
— Je parle des Corps expéditionnaires."
Temera prit quelques instants pour pondérer cette question.
"Vous ne vous cachez pas de nourrir une passion dévorante pour les exploits des grands explorateurs, votre Éminence."
Le Basileus se tourna vers elle en souriant.
"Vous avez en partie raison. C'est un rêve d'enfant qui a fait germer cette idée ; les histoires qui entourent Sundström ou Asdrubal ont toujours suscité mon admiration... Mais ce qui a transformé ce rêve en résolution est tout simplement la nécessité."
Temera fronça les sourcils, en proie à l'incompréhension.
"Regardez autour de vous. En vérité, nous nous sentirons bientôt à l'étroit en Asgartha, même si nous n'en avons pas encore tous conscience. Ce n'est qu'une question de temps. Cette Oasis est notre foyer, notre berceau, mais vient toujours un moment où l'oiseau doit quitter son nid. Continuer à grandir sans étendre notre horizon invite la discorde et attise les inimitiés. Évoluer en vase clos ne peut que nous mener à la gangrène. C'est au contraire en nous exposant au monde, et à tout ce qu'il contient, que nous pourrons réellement nous épanouir.
— Vous craignez un effondrement de notre société ?
— Son existence ne tient en permanence qu'à un fil, et l'humanité marche en tout temps sur le fil du rasoir. Il suffit d'une maladresse pour basculer. D'un côté, le Tumulte gronde. Il est toujours là, à la périphérie de notre vision, prêt à nous engloutir au moindre faux pas. Et de l'autre, il y a nos propres errements, nos fractures internes, qu'elles soient justifiées ou non. L'idéal du Covenant est perpétuellement pris entre ces deux feux, entre le marteau et l'enclume. Il est fragile, et se doit d'être nourri. Car en réalité, il est irréfutable que nous sommes plus forts unis que divisés.
— C'est donc la véritable raison derrière l'Effort de Redécouverte ? Créer une diversion pour nous empêcher de nous entre-dévorer ?
— Je ne suis pas aussi pessimiste que cela, Amiral. L'Effort de Redécouverte est fondé sur l'espoir plus que sur l'angoisse. Mais cette vérité fait partie de l'équation. Ou peut-être est-ce seulement un héritage familial ? Ne dit-on pas que ma famille a toujours entretenu des accointances plus marquées avec les Bravos ?"
Temera nota la pointe d'ironie qui transpirait des propos de son Souverain et se permit un discret sourire. La lignée d'Avkan remontait jusqu'à Heshkari, lieutenant du premier Haut-Roi et fondateur de la Faction Bravos, et cette information était de notoriété publique. Le Basileus s'accouda à la balustrade, observant une barge s'arrimer au bastingage du Monolithe pour décharger sa cargaison.
"On me reproche d'accaparer des quantités faramineuses de ressources pour alimenter les forces d'exploration. En aérolithe et en Kélon, notamment. Mais ces critiques parfois virulentes ne prennent pas en compte un triste facteur : nos ressources s'amenuisent inexorablement. Les mines de Suspira se vident, les rendements déclinent chaque année. Nos scientifiques savent désormais que le Kélon est plus abondant dans les Terres du Tumulte. Ne rien faire et subir une crise plus grave dans quelques décennies, ou bien agir maintenant au détriment des Asgarthi pour mieux les servir plus tard... C'est là la seconde vérité, une vérité énergétique. Nous devons regarder au-delà de nos frontières si nous souhaitons continuer à nourrir la marche du progrès sur le long terme, comme l'Axiom le préconise..."
Temera acquiesça devant ces sombres révélations, les yeux perdus dans le vague. Au loin, par-delà l'immensité de la Muir Concordia, le ciel avait la couleur de l'orage et l'odeur de la pluie. Le Basileus posa une main sur l'épaule de l'Amiral.
"Accompagnez-moi, voulez-vous ?"
Le Basileus descendit une volée de marches et emprunta la longue coursive qui contournait ses appartements. La cadence de ses pas, dissimulés derrière sa lourde robe, était délibérément lente et mesurée, invitant à la réflexion et à la quiétude. Temera se contenta de le suivre au gré de sa promenade. Avkan s'était muré dans un silence méditatif, que venait seulement ponctuer le claquement de sa canne contre le marbre de l'allée, et elle ne souhaitait nullement le déranger dans ses considérations.
Ses yeux dérivèrent de nouveau vers le large, où un navire se profilait, se dirigeant probablement vers Porto Novo ou l'Arsenal. De là où ils étaient, ils surplombaient de très haut les somptueux vergers et bosquets de l'Astérion, et dans leur continuité, la splendeur immaculée de la Kuningasplatz. Plus loin encore, la Fonderie, active de jour comme de nuit, exhalait ses vapeurs moirées en contrebas des jardins suspendus et irréels du Kadigir. La localisation du palais de l'Astérion lui sembla soudain une évidence : d'ici, on pouvait embrasser toute la cité du regard, des quartiers maritimes aux hauteurs escarpées de l'Acus.
"Je souhaitais que vous connaissiez tous les enjeux de cette expédition.
— Pour quelle raison, votre Éminence ?"
Avkan prit place sur un banc, s'abaissant lentement et avec une certaine raideur. Il posa sa canne contre un mur avant de soupirer.
"La ligne d'arrivée est, en ce qui me concerne, désormais en vue. Mais cette échéance est aussi une ligne de départ. Lorsque les Corps expéditionnaires feront voile vers Caer Oorun, je démissionnerai de mes fonctions, comme je l'avais promis il y a trois décennies."
Il se tourna vers elle, lui faisant soudain face.
"C'est pourquoi j'ai besoin de quelqu'un de confiance, quelqu'un qui puisse prendre ma suite, et veiller sur les forces d'exploration."
Temera le regarda avec incrédulité.
"Vous souhaitez... — Que vous preniez le commandement des Corps expéditionnaires, pour assurer la sécurité des femmes et des hommes qui se sont portés volontaires. C'est Abelen elle-même qui a soumis votre nom, et le Conseil Restreint a majoritairement voté en votre faveur parmi tous les candidats proposés.
— Mais je ne suis membre d'aucune Faction.
— Et c'est quelque chose qui a fait pencher la balance de votre côté. Je ne souhaite pas qu'une Faction prenne l'ascendant sur une autre. Pas de manière définitive en tout cas. Votre position assurera la neutralité de l'Effort de Redécouverte. Pour autant, ce sera un travail d'équilibriste. Vous devrez assurer une équité sans faille dans cette entreprise, et ce n'est qu'une infime partie du poids qui pèserait sur vos épaules, si vous veniez à accepter cette charge.
— Vous m'honorez, votre Éminence.
— C'était une décision collégiale, et pas le simple caprice d'un vieillard qui s'apprête à déposer sa couronne. Vous êtes formidablement compétente, et savez mener des troupes même dans des conditions extrêmes. Et qui plus est, vous pourrez compter sur de nombreux officiers venus des quatre coins du Monde Connu, ainsi que sur les Eidolons, bien entendu."
C'était au tour de l'Amiral de rester coite, surprise par cet honneur inespéré.
"Mais il y a une dernière vérité dont je ne vous ai pas encore parlé. La plus importante à bien des égards."
Le Basileus contempla la Cité sur laquelle il avait veillé pendant de nombreuses années.
"Malgré les épreuves et les obstacles, nous avons fait de la péninsule un paradis. Cette terre d'accueil est devenue un foyer prospère et harmonieux. Nos ancêtres ont œuvré pour cela, pour nous faire don de cette vie confortable. Ils étaient mus par l'espoir, par l'idéal de la Concorde, et ce malgré les doutes et les faux pas. Cette idée nous a rassemblés, nous a portés et soutenus jusqu'à aujourd'hui. Et nous ne pouvons pas la laisser s'étioler et s'éteindre. Il est temps de tourner notre regard vers l'extérieur. De nous confronter au Tumulte et de le chasser. Il est de notre devoir de stabiliser le monde."
Temera scruta le vieux monarque avec étonnement.
"Pensez-vous que cela soit faisable ?
— Si suffisamment de personnes partagent ce rêve, l'histoire a prouvé que cela était possible. Le Tumulte a une source. J'en ai la certitude."
Le Basileus l'observait avec bienveillance. Il la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle était en train d'étudier chaque information qu'il lui avait transmise, d'analyser les différentes ramifications, de passer au tamis la toile complexe des implications de cette décision. Il soupira et huma l'air salé en fermant les yeux, attendant patiemment sa réponse.
"Les Factions devront être au cœur du dispositif, dit-elle enfin quand elle arriva au terme de sa réflexion. Toutes sont nécessaires mais elles seront forcément en compétition. Elles auront chacune une vision différente, des objectifs contradictoires. Pourtant, elles devront coopérer pour que l'entreprise ait une chance de réussir. Il sera nécessaire d'encadrer leur participation, de guider leurs ambitions propres vers la réalisation de cet objectif commun.
— De poser les règles du jeu et de les arbitrer avec fermeté.
— Un cadre, en somme, pour exprimer leurs désaccords sans risquer de conflit ouvert.
— Précisément.
— Vous avez besoin d'une autorité dont la neutralité ne peut être remise en cause, capable d'analyse, d'anticipation et de maîtrise. Une main suffisamment ferme pour se faire respecter tout en laissant à tous la capacité d'exprimer leurs opinions, et d'influer sur la stratégie.
— Un parfait funambule, capable d'évoluer sur la corde raide, en effet."
Temera hocha la tête. Elle percevait le lourd fardeau qui pèserait sur ses épaules, mais elle était clairement séduite par cette perspective. Le Basileus avait habilement choisi ses mots et ses arguments, comme à son accoutumée. Durant plus de trente ans, il avait manœuvré, courtisé, tissé sa toile politique avec une sagacité confondante. Il n'était pas surprenant qu'il ait réussi à ferrer son attention avec tant d'aisance.
"Alors, qu'en dites-vous, mon amie ? Mènerez-vous ces braves au sein de la Terra Incognita ?"
Singh posa un regard neuf sur le vieux monarque. Son entreprise n'était pas le rêve pétulant et fou d'un souverain extravagant. C'était l'incarnation de la Concorde, l'espoir d'un monde meilleur manifesté dans la réalité. Il tenait cette torche à bout de bras, comme un flambeau brandi dans l'obscurité, un étendard autour duquel se rallier...
Temera esquissa un sourire en se tournant vers l'horizon, cette fine ligne qui serait bientôt son foyer.
Le Basileus Avkan ruun-Heshkari
Fin politicien et diplomate, Avkan est issu d'une illustre lignée noble dont les racines remontent à la fondation d'Asgartha. Élu Basileus à l'âge de quarante et un ans, il a fait entériner un décret lui permettant de régner jusqu'à la concrétisation de son grand projet : les Corps expéditionnaires. Aujourd'hui âgé de soixante-douze ans, il est en passe de voir son rêve exaucé, mais convaincre les Factions et les différents organes étatiques n'a pas été une mince affaire. Si les Bravos ont tout de suite salué son initiative, les autres Factions étaient plus sceptiques, et il lui a fallu déployer tout son talent d'orateur et de tacticien pour les voir réviser leur jugement. Il a réussi à rallier l'Axiom à travers l'opportunité de récolter plus de Kélon, l'Ordis en les convainquant que c'était une nécessité sociétale. Pour obtenir l'agrément des Lyra, il leur a fait miroiter la perspective de retrouver les autres enfants perdus de l'humanité. Pour les Yzmir, ce fut l'éventualité d'en apprendre plus sur les secrets de l'univers. Mais s'il devait s'aligner sur une Faction en particulier, ce serait avant tout les Muna. Car il est intimement persuadé que le rôle de l'humanité et de ses alliés est de ramener l'équilibre dans le monde, de le stabiliser en jugulant les vents du Tumulte. Et le plus impressionnant, c'est que même à travers toutes ces manœuvres et tractations, il n'a jamais menti, jamais compromis sa vision et l'idéal que constitue à ses yeux la Concorde. L'humanité et ses alliés sentients se doivent de rester un seul et même peuple, uni et clément. Tous ces enjeux sont pour lui réels et complémentaires, comme les pièces d'un puzzle qu'il faut assembler pour espérer réussir. Il y a plus de vingt ans de cela, il avait promis de céder sa place lorsque l'Effort de Redécouverte serait lancé, et il compte bien respecter cet engagement. C'est pourquoi il cherche désormais à s'entourer d'individus capables de faire perdurer cet idéal, et de le porter jusqu'à sa manifestation définitive dans le monde.