Kuwat, le Dissident

Kuwat Vasanti... L'Eidolon apparaît devant le collège de mages, et sa réputation le précède, comme d'accoutumée teintée d'un soupçon d'ignominie. Un silence gêné se fait alors qu'il avance calmement vers le dais, où siègent les cinq Magisters. Beaucoup le regardent encore avec appréhension, hésitant entre la révérence et la mortification. Conseiller personnel d'Ayxas, il était là quand le monarque impie a basculé dans la folie, il y a des siècles de cela. De nombreuses rumeurs courent encore sur le fait que ce sont ses exhortations, ses murmures à l'oreille du souverain, qui ont été la cause de son règne sanguinaire. Peu osent encore l'invoquer en raison de ses crimes passés, et c'est bien dommage. Kuwat avait été l'un des Eidomanciens les plus puissants de toute l'histoire d'Asgartha, hormis peut-être Aysun. Se priver de son conseil, sous prétexte que la morale ne le voyait pas d'un bon œil, était une aberration.

Bien entendu, il est dangereux. De toute façon, le fait d'incarner des idées sentientes comporte toujours son lot de dangers. Nul doute qu'il trempe encore dans des machinations obscures, qu'il échafaude des plans machiavéliques... Mais c'est à leur capacité à manipuler des forces qui les dépassent qu'on reconnaît les puissants. Sans lui, nul n'aurait découvert que les êtres et les choses pouvaient être désincarnés pour en moissonner le Mana. Pour autant, tous les Initiés Yzmir utilisaient dans une certaine mesure cette faculté. Et cette prouesse était à mettre à son crédit. Peut-être pourrais-je l'utiliser ? Il me faudrait sûrement marcher sur la corde raide, mais si je parvenais à le leurrer, il pourrait être un atout de poids dans ma panoplie magique. Et il me fallait quoi qu'il arrive un allié pour m'aider à tromper la vigilance de Wanjiru. Je souris alors qu'il s'adresse à la foule, la toisant d'un regard noir pour fustiger ses tergiversations. Oui, nous nous entendrons très bien...

Issu de légendes japonaises, elles-mêmes tirées du folklore chinois, le Baku est une créature chimérique ressemblant à un tapir, réputée pour dévorer les cauchemars et soigner les maux du corps et de l'esprit. Souvent dépeint avec une queue de bœuf, des yeux de rhinocéros, des pattes de tigre, une trompe et parfois des défenses d'éléphant ou des cornes, le Baku est présent sur de nombreuses estampes.

Lindiwe

378 AC