Entraînement A Cappella
« Merci d'être mon métronome ! »
Histoire
Tranquillement assise sur le crocendule, Aru s'éclaircit la voix par quelques vocalises, alors que l'Eidolon commence à battre la mesure. Tic-toc, fait-il, aussi régulier qu'un métronome. Puis, quand elle se sent prête, Aru commence par un discret vibrato, qui monte crescendo. Son timbre est clair, ses notes cristallines. J'observe son diaphragme, son port, la régularité de son souffle. Hier, nous avons travaillé l'ouverture de la mâchoire, la position de la langue et du larynx. Aujourd'hui, nous allons travailler sur ses côtes et sa respiration plutôt que sur la phonétique respiratoire et l'articulation. Pour l'instant, c'est un sans-faute. Aruzhan a toutes les capacités pour devenir une incroyable cantatrice. Et si elle continue comme ça, peut-être pourrons-nous mener ensemble un concert lyrique à deux voix ? Non, bien entendu. À moins qu'elle ne reste en Arkaster, nous devrons nous contenter des salles de l'Ouroboros.
Mais plus que la technicité, c'est sur l'émotion que nous devons nous concentrer. Aru est jeune et encore inexpérimentée. C'était la même chose pour moi, au départ. Je savais chanter, mais rien exprimer. Avec le temps, j'avais appris à puiser dans mes émotions. Grâce à elles, j'avais mis du relief à mes envolées lyriques. La colère, la frustration, l'injustice, l'exil, le deuil, l'espoir... tout ça avait nourri ma voix. J'écoute attentivement Aru, et m'émerveille de la justesse de sa musicalité, du spectre étendu de sa tessiture. Elle passe avec aisance de la voix de tête à la voix de poitrine. Mais elle cherche avant tout à impressionner, pas à raconter quelque chose, et c'est là que le bât blesse. Peut-être que tout à l'heure, je lui montrerai comment convoquer des idées pour sous-tendre son chant. Par le biais d'un peu d'Altération et d'un soupçon d'imagination supplémentaire, elle pourra atteindre de nouveaux sommets. Ce qui lui manque, c'est juste un peu de personnalité.
Narré par
FEN
Date
390 AC