Danseuse d'Étoffe Lyra

« Toi, tu files un mauvais coton ! »

Histoire

Tandis que les facétieux clowns terminent leur numéro par de désopilants calembours, je saisis de nouveau le micro, prenant ma voix de velours pour annoncer la suite des festivités. Kibble, de son côté, s'en donne à cœur joie, profitant du fait que l'on m'ait nommée Madame Loyal pour faire le pitre plus que de raison. Faisant apparaître un chapeau haut-de-forme, il en extrait en y plongeant la gueule une petite martengale. Et tous deux se mettent à se pourchasser sous l'immense chapiteau bariolé. Mais déjà, l'entracte se termine, et les clowns emportent avec eux ballons géants, cerceaux, bâtons sauteurs, trampolines et nez rouges. Après mon petit speech, lors duquel j'introduis l'incroyable, l'extraordinaire, la renversante Ehuang, tous les projecteurs se mettent à illuminer le sommet de l'un des mâts, et la frêle silhouette qui salue la foule depuis les hauteurs. L'une de ses mains est tendue vers les cieux, l'autre tient un trapèze.

Quand s'interrompt soudain le roulement des tambours, Ehuang s'élance dans le vide, sans filet ni attache. Il y a un murmure dans l'auditoire, alors que le trapèze file. Depuis le second mât, un autre voltigeur lui envoie un deuxième trapèze pour qu'elle puisse se réceptionner. L'acrobate lâche la première structure en se propulsant vers sa destination. Mais quand ses mains se referment sur l'autre barre horizontale, les cordes lâchent, et elle se met à chuter vers le sol, griffant de ses mains l'air devant elle, cherchant désespérément à se cramponner. Le public se lève, horrifié. Mais il n'a pas le temps de détourner les yeux. Par le biais de l'Altération, Ehuang manifeste de longs serpentins de tissus, qui se nouent autour des mâts et s'y arriment avec force. Et tandis qu'elle dégringole, elle s'enroule dans ces morceaux d'étoffe, ralentissant sa chute, tournoyant et tourneboulant avec grâce et maestria. Lorsqu'elle s'arrête enfin, suspendue la tête en bas et les mains tendues vers la foule en guise de salut, les applaudissements résonnent comme le tonnerre.

Narré par

AURAQ

Date

385 AC